Les gobelins avaient choisi une chambre pour deux, pas trop éloignée de la salle dédiée aux sacrifices, au cas où l’un d’eux se réveillerait en pleine nuit sans arriver à se rendormir, et surtout pour distinguer les cris étouffés des sacrifiés.
C’était une pièce sobre et plutôt grande, pour deux petites créatures, mais elle était à la hauteur de leurs ambitions : faire régner le culte de Kalimshar à travers tout Crépuscule et assujettir tous les sous êtres qu’ils croiseraient.
La pièce, comme quasiment tout le temple, était faite de pierre sombre, presque noire, mais réchauffées par un réseau de petits tunnels sous terrains dans lesquels circulait de l’air chauffé par des feux aux entrées de ces tunnels. Ces feux étaient entretenus par des esclaves dans leurs cellules, afin qu’ils ne meurent pas de froid et tiennent tout l’hiver. Le stock d’esclaves de l’Ankou était assez important, et ne pouvant pas tout sacrifier, ils devaient faire des réserves pour la saison prochaine.
Malgré tout le confort auquel ils pouvaient avoir accès, ils n’arrivaient pas à se défaire de certaines habitudes prises avant leur entrée dans l’Ankou. Par exemple, ils avaient aménagé deux tiroirs d’un imposant buffet en lits : le fond était tapissé de paille sèche, recouvert de bouts de tissus pour plus de confort. Mais les frères avaient craqué en tombant sur des oreillers plus doux que tout ce qu’ils avaient touché (à part peut-être cette paysanne un peu saoule qui…), et ils les utilisaient désormais pour faire des rêves pleins de souffrances, mais aussi pour exprimer leurs désaccords quand ils étaient seuls dans cette pièce. Vu qu’elle était insonorisée, même une oreille avertie ne pouvait pas discerner les bruits étouffés des oreillers s’abattant avec violence sur les petites caboches vertes.
Sur ce buffet trônait un crâne fissuré de paysan, dans lequel Vad avait placé la fleur sacrée trouvée sur le territoire des druides, pour se remémorer cette promenade de santé. Tous les jours, il arrachait un pétale et le brûlait lentement, ou s’il était très énervé, il faisait la même chose avec un druide qui s’était un peu trop approché des terres de R’Lyeh.
Il n’y avait pas de point d’eau dans cette salle, les gobelins préférant faire leurs ablutions hebdomadaires dans la rivière bordant le temple, comme au bon vieux temps. Cela donnait lieu très souvent à des batailles dont la règle était des plus simple : le plus mouillé avait perdu. L’eau étant très souvent glacée, ils se réchauffaient ensuite en torturant des prisonniers avec de grandes torches enflammées.
Mar 3 Nov - 17:02